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Assignation en référé

Mardi 07 fevrier 2012

Non je dois dire: ça fait tout drôle de recevoir une copie d'une assignation en référé du ministre de l'intérieur Claude GUÉANT mentionnant votre site perso.

Woao.

Non rassurez-vous, je ne suis pas assigné en référé. C'est mon FIA (Free.fr) qui l'est, et il ne fait que me transmettre la bonne nouvelle et un internaute me l'a transféré. La cause ? Suite au blocage du site "Copwatch" (que je n'approuve pas forcément), j'avais mis en place - comme beaucoup d'autres - un miroir de leur site. D'où cette assignation en référé. De toute manière mon miroir avait été supprimé il y a quelques semaines, étant donné que Copwatch s'est acheté un nouveau nom de domaine et que ma copie était une vieille version.

Voici donc le mail qu'on ma forwardé:

Sujet: Copwatch
Date : Tue, 7 Feb 2012 12:18:48 +0100
De : Direction Juridique (direction-juridique@iliad.fr)

Monsieur,

Au même titre que d’autres fournisseurs d’accès à Internet, Free a été assignée par le Ministre de l’intérieur, de l’Outre Mer des Collectivités Territoriales et de l’Immigration pour obtenir le blocage de contenus accessibles à différentes adresses. Vous trouverez ci-joint l’assignation en question.

Il apparait que certaines pages dont le contenu, selon le plaignant, s’avère illicite semblent avoir été mises à disposition du public via l’adresse IP correspondant à votre Freebox.

Nous vous rappelons que votre accès à Internet doit être utilisé dans le respect de la législation en vigueur et que toute activité illicite à partir de cet accès peut donner lieu à une suspension du service qui vous est fourni.

Afin de préserver vos intérêts, nous vous invitons en conséquence à bien vouloir mettre fin au trouble invoqué par le plaignant en procédant au retrait des pages web objet de l’assignation jointe.

Direction Juridique

Et le PDF en attachement: COPWATCH_Assignation_en_refere_d'Heure_a_Heure_01.02.2012.pdf (1,3 Mo) dont voici les pages 1 et 10:

Mon miroir n'est plus de toute manière, mais ils n'ont pas fini de jouer au jeu du chat et de de la souris. Jeu qu'ils ne peuvent pas gagner. Mais on ne peut pas les blâmer: On leur reprocherait de ne rien faire. Bah, peu importe. Le web s'auto-répare. Même avec le DPI, ils n'en viendront pas à bout.



EDIT: Rappel, pour naviguer sur un net non censuré quand vous êtes en France (puisqu'on en est là, Dieu que c'est moche), vous pouvez utiliser (vu que c'est encore légale pour le moment):
  • Le navigateur Opera, en activant le mode "Turbo" (ce qui passe par les proxy d'Opera, situés hors de France). Il est disponible pour Windows, Mac, Linux. Sur smartphones et tablettes, vous pouvez également utiliser OperaMobile (avec Turbo activé) ou OperaMini (qui passe systématiquement par les proxy d'Opera).
  • Le navigateur TOR (c'est TOR+une version repackagée de Aurora(Firefox)).

Il y a bien sûr de nombreuses autres options, mais en voilà deux faciles à mettre en œuvre (surtout Opera).


EDIT 2: Ah oui, je n'ai pas été très clair. Cela veut dire que officiellement les FAI ont l'obligation de bloquer mon site. Tout à coup, je suis heureux d'avoir mis en place le système d'autoblog. Si mon site est bloqué, vous pourrez retrouver mes billets sur un de ces nombreux autoblogs, par exemple chez Telecomix (et il y en a même encore d'autres, il suffit de googler). Ou encore accéder à mon site par adresse IP: http://176.31.231.138/~sebsauva/rhaa/

C'est une première: Mon site va être officiellement bloqué par le gouvernement français ! \o/


EDIT 3: Les FAI n'apprécient pas cette assignation en référé. Le délibéré aura lieu le 10 février à 16h. Tic tac tic tac...


Mise à jour 10 février 2012: A priori, le blocage des sites miroirs a été refusé. Donc pas de blocage de mon site. Good.

La censure 2.0 est en marche

Mardi 07 fevrier 2012

Le Web 2.0 avait marqué l'ère de l'internaute roi, centre de l'activité, auteur générateur de contenu. Assez ironiquement, le grand mot du web 2.0 a un double sens: "Share", c'est le partage, mais il signifie aussi action en bourse. Prophétique.

A présent qu'il y a assez de contenu et que tout cela s'entretient tout seul par effet boule-de-neige (Facebook, G+, Flickr...), les multinationales peuvent monétiser grassement. Ce n'est pas pour rien que Facebook était valorisé à 70 milliards de dollars l'année dernière. Mark Zuckerberg vous remercie chaudement. Son introduction en bourse à la hauteur de 5 milliards de dollars d'actions devrait bien se passer. (Pour mémoire, Google était entré en bourse en 2004 à hauteur de 1,4 milliards "seulement").

Maintenant que tout le monde se rince grassement sur l'activité des internautes, il faut sécuriser tout cela. Que voulez-vous, à force de vivre dans des bulles, il y a des traumatismes d'éclatement qu'on a du mal à oublier. Alors hors de question de recommencer les mêmes conneries. Hors de question de perdre du fric. L'argent doit couler à flots, tant pis s'il faut marcher sur la gueule de certains pour arriver à ses fins.

Les multinationales ne contrôlant pas encore directement le peuple, elles sont encore obligées de passer par l'intermédiaire des gouvernements. Faire pression sur les gouvernements a jusqu'à présent bien marché: pots de vin, financements de campagnes, lobbyisme, campagnes médiatiques, pression sur l'appareil judiciaire... toutes les ficelles ont déjà été tirées, certaines avec succès. Des lois ont été votées, le peuple s'est pris des baffes, les politiques n'ont rien vu, ou on choisi de ne pas voir.

Mais ce n'est pas suffisant. Trop de voix commencent à s'élever contre ces lois liberticides, les gens descendent même dans la rue. Ça ne peut pas continuer comme ça, les multinationales le savent bien. On peut toujours faire quelques effets de manche et taper du poing sur la table pour redorer son image (après tout, ce con de peuple a la mémoire courte et un déficit d'attention), mais la duperie ne pourra pas durer éternellement (On peut tromper une fois mille personnes...).

Et plus gênant que tout, ce foutu peuple commence à voir qui tire les ficelles, et la grogne monte. Il serait même bien capable de demander à ses girouettes de gouvernants de faire quelque chose. Il faut agir. Et là, ça tombe très bien, la grogne du peuple fait peur aux gouvernements. Oui oui, même les démocraties. Voilà un heureux hasard qu'il faut exploiter.

Finalement, la solution est assez simple: Plutôt que de faire pression sur le peuple à travers les gouvernements, il suffit de baisser sa culotte et de donner l'impression à ses derniers de se plier à leurs désirs. L'homme politique aime les courbettes et les petits-fours. Cet immense pouvoir sur le contenu et les communications - même privées - des internautes est un argument de poids. C'est décidé, nous entrons désormais dans l'ère de la Censure 2.0, celle où on restreint l'internaute, où on contrôle, filtre et musèle son contenu pour plaire aux gouvernements et assurer ses bénéfices.

Côté gouvernement ? Ils ne peuvent qu'être dans leurs petits souliers: Des multinationales qui viennent leur manger dans la main et fournir les outils de surveillance et de censure, miam. Moi je ne laisserais pas un tigre venir manger dans ma main. Je me demanderais pourquoi le tigre m'approche, moi petit primate, alors qu'il a déjà tout l'attirail pour aller chasser.

Mais les gouvernants ne pensent pas à ça. Ils ont d'autres préoccupations: Celles d'assurer leur position. Non toute cette liberté, ma bonne dame, c'est pas possible. On ne peut pas laisser le peuple s'exprimer librement, sinon c'est la chienlit.

Les entreprises du Web 2.0 commencent donc à censurer. Twitter, par exemple, a récemment annoncé le blocage des messages selon les pays, au bon vouloir des gouvernements. C'est le Brésil qui inaugure. Oh ce n'est pas le seul. Google redirige également ses blogs vers des domaines nationaux pour faciliter la censure. Microsoft installe des certificats pour permettre aux gouvernements d'espionner en échange d'un monopole. Google fait des courbettes aux gouvernements en donnant des informations sur les membres de Wikileaks et TOR, tout en s'indignant publiquement de l'augmentation des demandes de ces mêmes gouvernements. Vaste mascarade.

Il est temps de se réveiller. Faire la révolution à vos gouvernements ? Commencez par arrêter de financer votre oppression: A défaut d'arrêter de rouler en voiture (et financer par là même les pétro-meurtriers), commencez en jetant cette merde de Web 2.0 centralisée, parce que tout ces jolis services gratuits sont en train de vous surveiller, vous museler et vous dénoncer, tout en douceur, main dans la main avec vos dirigeants (qui ne sont pas forcément bienveillants).

La cyber-guerre a commencé. Mais ne faites pas l'erreur de vous tromper de belligérants: Ce n'est pas une guerre entre les pays, mais entre vous et ceux qui ont le pouvoir, qu'il soit politique ou économique. Parce que rien n'est plus dur que de lâcher ses acquis. Et ils en ont sous le matelas, beaucoup, et ils n'ont pas envie de partager, eux.


EDIT 18 février 2012: Illustration par l'exemple: En Inde, les grandes sociétés (Google, Facebook, Twitter...) ont décider de se plier aux exigences de censure du gouvernement. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autre, qu'on verra fleurir de plus en plus, des dictatures aux démocratie sans distinction. Je cite GlobalVoices:

« Fondée sur l'idéal de “Do no evil” (Ne faites pas de mal), Google a cessé d'utiliser ce slogan en public, la devise ayant été occasionnellement jetée aux oubliettes en faveur des profits, au lieu de garantir un service qui serve au mieux ses utilisateurs.  »

Côté Canadien, la volonté de surveillance fait rage: Un ministre canadien utilise la vieille vision manichéenne attardée de la lutte contre la pédophilie pour essayer de faire passer une surveillance globale des internautes: Pour lui, vous êtes avec le gouvernement, ou du côté des pédophiles. C'est un vieil argument déjà usé jusqu'à l'os.

EDIT 19 février 2012: On continue: Twitter censure les comptes qui parodient Nicolas Sarkozy. Et il semblerait qu'un internaute ait eu droit à 10 heures de garde à vue pour un blog satirique sur Nadine Morano.